Dix-huit heures trente, enfin la fin de la journée. Sans plus attendre, je me lève de mon siège, prenant soin de saluer mes collègues avant de quitter le bureau. À cette période de l’année, la nuit a déjà enveloppé la ville. J’ajuste mon écharpe, ferme soigneusement mon manteau, et je suis prête à affronter les températures glaciales de l’extérieur.

Un vent glacial me cingle le visage, loin d’être agréable. J’ai hâte d’arriver chez moi, où je pourrai me lover confortablement sur mon canapé, accompagnée d’une tasse de café chaud et de quelques gâteaux à grignoter. Une délicieuse odeur de pain fraîchement cuit me parvient, émanant de la boulangerie à proximité. Je me dis alors, pourquoi pas ? Après tout, on n’achète pas des douceurs sucrées tous les jours. Je m’engouffre dans la boulangerie d’un pas pressé, observant avec envie les pâtisseries exposées en vitrine. Le choix s’annonce difficile à la caisse.

La voix de la boulangère me tire de mes délices imaginaires, et je commande timidement une petite boîte de six cupcakes. Elle y met un assortiment de saveurs : chocolat, fraise, pistache, vanille… de toute façon, ils finiront tous dans mon estomac. Une fois soigneusement disposés dans la boîte en carton, je règle mon achat et me remets en route vers chez moi.

Je n’apprécie guère l’hiver. La nuit tombe bien trop tôt à mon goût, et les rues de la ville se désertent rapidement. Il n’est pas encore dix-neuf heures, mais la ville semble déjà endormie. De plus, les rues que je dois emprunter pour rentrer chez moi sont peu fréquentées, plongées dans l’obscurité, ce qui peut être effrayant par moments. Cependant, je repense à mes petits cupcakes pour dissiper la peur qui commence à m’envahir et pour me donner la motivation de rentrer rapidement. J’ouvre la boîte pour admirer ces délices sucrés, mais je m’arrête brusquement. Il n’en reste que cinq. Pourtant, il me semblait en avoir commandé six. La nuit et le froid m’incitent à poursuivre mon chemin. Je referme la boîte et continue d’avancer jusqu’à la prochaine rue.

Le feu pour piétons est au rouge, et quelques voitures foncent à toute vitesse, m’empêchant de braver l’interdit. Je soulève de nouveau le couvercle de la boîte en carton. Il ne reste que trois cupcakes. Cette fois, ce n’est pas une simple erreur de la boulangère. Mes gâteaux disparaissent mystérieusement, sans que je comprenne comment ni pourquoi. Le feu pour les piétons passe au vert, et je traverse rapidement la rue, le cœur battant. J’ouvre de nouveau le couvercle. Il n’en reste que deux, sur les six initiaux.

Je pousse un juron entre mes lèvres, assez fort pour qu’il puisse être entendu par d’autres passants. Cependant, il n’y a personne d’autre dans les parages, seulement moi, dans la nuit, dans une rue déserte. Mes cupcakes semblent disparaître petit à petit, comme si une entité maléfique les dévorait progressivement, une entité accro aux sucreries.

Je soupire et me hâte vers l’entrée de mon immeuble que je distingue au loin. Une fois devant la porte, je sors mes clés de ma poche, les insérant dans la serrure. La porte grince sinistrement en s’ouvrant, créant une ambiance lugubre qui fait naître un frisson en moi. Je soulève de nouveau le couvercle de la boîte. Un seul gâteau demeure, le dernier que je baptiserai « Duncan Macleod » lorsque je le dégusterai. Sans attendre, je monte rapidement les escaliers jusqu’à mon étage et entre dans mon appartement.

Je m’assure que ma porte est bien verrouillée, puis je dépose la boîte de cupcakes sur la table du salon. C’est dommage qu’il n’en reste plus qu’un. Un frisson me parcourt l’échine, et j’hésite à soulever le couvercle de la boîte, craignant de la trouver vide. Ce ne sont que des gâteaux, me dis-je pour me rassurer. Mes mains s’approchent lentement du couvercle avant de le soulever. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. La boîte est totalement vide. Quand ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce une malédiction de la boulangère ? Je reste figée, observant cette boîte vide sans réponse.

Soudain, l’un des cupcakes s’écrase dans la boîte, venant de nulle part. Je soulève à nouveau le couvercle, le cœur battant, pour inspecter en dessous. Tous les gâteaux, bien sucrés et bien trop gros, se sont accrochés au couvercle.