Liberté, vent sacré, flamme que rien n’éteint,
Tu danses sur les mers, tu cries dans les montagnes,
Tu brises les barreaux, tu renverses l’étreinte,
Et fais naître un printemps au milieu des campagnes.
On t’a cherchée partout, dans l’ombre ou sous la loi,
Dans les mots d’un poème, au milieu d’une plaine,
On t’a gravée sur pierre, on t’a priée parfois,
Comme une déesse fière aux ailes incertaines.
Tu marches pieds nus, libre et fière sur la terre,
Sans chaînes aux poignets, sans maîtres, sans drapeaux,
Tu ne crains ni les rois, ni l’ordre autoritaire,
Tu vis dans le regard de ceux qui lèvent haut.
Dans le cri d’un enfant qu’on arrache à la peur,
Dans l’élan d’un oiseau qui fend l’aube incertaine,
Dans la femme qui parle et redresse son cœur,
Tu vis, tu te répands, indomptable fontaine.
On t’a souvent trahie, vendue pour du confort,
Confondue avec l’ombre, la haine ou la colère.
Mais tu reviens toujours, plus forte que la mort,
Plus douce que la paix, plus vaste que la mer.
Tu n’es pas solitude, égoïsme ou fracas,
Mais souffle partagé entre tous ceux qui aiment.
Tu dis : « Va où tu veux, mais n’oublie pas tes pas,
Respecte ceux qui pleurent, honore ceux qui sèment. »
Ô Liberté chérie, muse des insoumis,
Toi qui fais ta demeure au cœur des insatiables,
Tu changes de visage, de langue, de pays,
Mais restes l’étendard des âmes admirables.
Dans le chant des gitans, dans l’éclat des révoltés,
Dans les bras des amants qui défient l’interdit,
Dans l’exil d’un poète, en sa plume brisée,
Ton feu ne s’éteint pas, il grandit, il surgit.
On te peint dans les rues, on te crie sur les toits,
On te rêve en silence, au fond des dictatures.
Tu habites les corps qui marchent contre la loi
Quand la loi devient peur, mépris ou imposture.
Tu nais là où quelqu’un dit non, sans trembler,
Là où l’on se relève après la nuit de cendres.
Tu brilles dans l’instant que nul ne peut voler,
Et fais de l’homme un être impossible à descendre.
Car vivre sans toi, c’est survivre à genoux,
C’est manger sans saveur, respirer sans lumière.
C’est fermer chaque jour le plus beau de ses voux,
Et glisser dans l’oubli d’une lente poussière.
Mais avec toi, tout brûle, tout devient possible,
L’amour a sa clarté, la voix trouve son rang.
Avec toi, même l’ombre a des reflets visibles,
Et même les silences chantent en se levant.
Liberté, mon amour, mon guide et mon tourment,
Je te cherche toujours, même lorsque tu fuis.
Tu es l’écho sauvage qui bat dans le moment,
Le feu que l’on protège au centre de la nuit.

