Ô tendre chocolat, plaisir inavouable,
Tu coules dans ma bouche en fleuve inaltérable.
Brun nectar des gourmands, secret des fins palais,
Tu sais mieux que les mots consoler mes regrets.
Qu’importe la saison, l’heure ou la lumière,
Tu viens comme un ami, discret et salutaire.
Un carré dans la main, tout devient plus léger,
Le monde est plus patient, le cœur moins en danger.
Je t’aime en tablette, en ganache ou en crème,
Et chaque fois que j’y goûte, je t’aime, je t’aime.
Quand tu fonds lentement, que tu frôles la langue,
Je crois entendre un chant, une douce harangue.
Tu n’es pas qu’un dessert, tu es un vrai poème,
Un soupir de douceur, un frisson qui m’entraîne.
Du cacao divin, aux accents envoûtants,
Tu portes en tes arômes mille siècles d’instant.
Noir, tu es noble et fort, intense et solitaire,
Tu parles au cœur brut des âmes téméraires.
Au lait, tu deviens tendre, presque enfantin parfois,
Tu murmures des rêves à ceux qui croient en toi.
Blanc comme une caresse, vanillé, sans colère,
Tu berces les chagrins d’une lumière claire.
Et si tu t’habilles d’or, de noisettes, de fleurs,
Tu fais de chaque bouchée une onde de chaleur.
Le chocolat du soir, volé dans un placard,
A le goût défendu des instants trop rares.
Et celui du matin, dans un café fumant,
Fait naître un petit jour follement séduisant.
Dans les doigts d’un enfant, tu t’étales en sourire,
Tu barbouilles la joue, tu fais les yeux luire.
Dans la main d’un amant, offert comme un aveu,
Tu fondes les silences et rends les mots soyeux.
Oh, combien de serments furent dits en ta gloire,
Combien d’amours liés par ton simple pouvoir !
Tu es doux mais puissant, modeste mais royal,
Et tu fais de la vie un plaisir essentiel.
Même les cœurs chagrins, fatigués de tout croire,
Retrouvent un éclat en croquant ta mémoire.
Et les âmes blessées, les solitudes nues,
Ont vu dans ton éclat leur tristesse déchue.
Chocolat des festins, des fêtes et des drames,
Tu conjugues l’envie, l’extase et les flammes.
Tu es la confession des gourmets silencieux,
Le secret bien gardé au fond d’un coin précieux.
Alors, dans mon poème, je grave ton empire,
Toi qui sais apaiser, séduire, et même rire.
Ô chocolat sacré, douceur de tous mes maux,
Règne à jamais en moi, mon tendre héros chaud.

