La solitude vient sans bruit, comme un voleur,
Elle s’assoit le soir au bord de la pensée.
Elle éteint doucement les restes de chaleur,
Et laisse en nous un vide à jamais enlacé.

Elle parle sans mot, mais son souffle est immense,
Elle emplit chaque pièce, elle envahit les pas.
Et même en pleine foule, elle offre sa présence,
Comme une ombre fidèle que nul ne chassa.

Elle naît d’un silence au fond d’une parole,
D’un appel sans écho, d’un regard détourné.
Elle s’invite en nous quand la tendresse s’envole,
Et transforme le cœur en monde abandonné.

On la croit passagère, fragile, occasionnelle,
Mais elle plante en nous des racines de plomb.
Elle devient complice, invisible sentinelle,
Et fait de chaque instant une lente prison.

Parfois, elle ressemble à un doux compagnon,
Elle nous tient la main dans l’attente ou l’errance.
Mais elle creuse en nous un profond abandon,
Et peint nos souvenirs de morne transparence.

On rit, mais le rire sonne un peu plus creux,
On parle, mais le mot retombe sans lumière.
Et l’on rêve à des bras, à des gestes heureux,
Mais tout est trop lointain, ou bien trop éphémère.

Les murs semblent plus proches, les fenêtres plus hautes,
Le monde devient sourd à nos cris étouffés.
Et chaque nuit revient, souriante et dévote,
Pour poser son silence où le cœur s’est blessé.

La solitude, parfois, a des visages tendres :
Un vieux pull, un roman, un banc dans un jardin.
Elle n’est pas toujours ce qu’on voudrait comprendre,
Mais elle laisse en nous un parfum de lointain.

Elle fait de l’absence une chose palpable,
Elle sculpte nos jours comme un lent artisan.
Elle prend même l’amour pour un rêve instable,
Un mirage qui meurt au lever du matin.

Pourtant, dans son royaume, il naît un chant discret,
Celui des cœurs blessés, mais debout malgré tout.
Et l’on apprend, parfois, dans le noir et le vrai,
À s’aimer un peu plus, même sans rendez-vous.

Solitude, miroir de nos parts les plus nues,
Tu nous forces à voir ce que l’on tait toujours.
Et dans ton froid silence, nos âmes mises à nu
Retrouvent, en tremblant, l’ébauche d’un amour.

Car vivre avec toi, c’est aussi se comprendre,
C’est écouter son cœur sans les bruits du dehors.
C’est apprendre à tomber, à chuter, à se tendre,
Et renaître plus fort au milieu de ses torts.

Alors je t’apprivoise, toi, ma compagne pâle,
Je t’offre mes soupirs, mes heures sans éclat.
Et dans ce clair-obscur d’ombres sentimentales,
Je cherche une lumière… Peut-être un pas vers moi.

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